La solitude

Ça fait longtemps que j'ai envie d'en parler ici mais je n'ose pas. J'ai peur de passer pour une ermite ou une très étrange fille mais j'ai décidé aujourd'hui de me lancer. J'ai toujours peur de mal paraitre mais ça me pèse beaucoup depuis quelques semaines alors je dois en parler.

La solitude.

Si je recule à l'école secondaire, je me vois, nouvelle, dans une école de Montréal. J'étais grosse (je le suis encore mais à l'adolescence c'est plus difficile à accepter), coupe carrée, grande et très timide. Jamais je n'aurais osé me présenter à un groupe de jeunes. Par contre, à mon arrivée à Montréal j'ai eu la chance de me faire inclure dans un groupe tout de suite à mon arrivée. Je me suis vite dégènée et mes amis ont appris à me connaitre. Je pouvais être drôle, willing, compatissante, bonne oreille. Je crois que mes amis m'ont aimé puisqu'on s'est fréquenté quand même quelques années.

Puis j'ai pêté une coche comme on dit. J'ai réalisé que c'était l'fun être aimée pour qui l'on est, d'avoir des gens avec qui mourir de rire et pleurer et je me suis dégênée. À partir de ce moment-là j'ai su m'entourer de beaucoup de gens pour sortir dans les after hours, pour clubber, mais jamais de vraies relations amicales. Sauf une personne, je vous en reparlerai plus loin.

Puis j'ai rencontré Chéri, voilà déjà presque 7 ans. Un an après notre rencontre, nous sommes déménagés ici au Saguenay. Je ne sors plus du tout dans les bars, je tricote et je suis redevenue timide. À mon mariage, une seule de mes amis d'antan s'est déplacée pour moi. UNE SEULE. Elle a fait 6h de route avec son copain et son fils pour me voir et ce, même si on ne s'était vu que quelques minutes trois ou quatre années auparavant et qu'on ne s'était pas vraiment reparlé. Quand je l'ai vue à la sortie de la salle de réception où l'on s'est mariés, j'ai éclaté en sanglot. Je m'ennuie tellement d'elle, je m'ennuie de nos conversations, de nos fous rires, de nos chicanes. Et ça m'a frappé. Je me sens tellement seule!

Ça fait 6 ans que je me contente de ma mère, ma soeur, et mon Chéri. Mais depuis cet été, j'ai beaucoup plus de difficulté. Ma soeur s'est acheté un commerce et ma mère y travaille. Le commerce de ma soeur est opérationnel jours, soir et fin de semaine et elle doit y travailler. Je n'ai plus vraiment l'occasion de lui parler et quand j'en ai l'occasion il y a un téléphone ou un courriel urgent qui nous interrompt, ou bien elle à juste une minute pour moi parce qu'elle est pressée. Même chose pour ma mère.

C'est vrai que j'ai rien d'intéressant à raconter ces temps-ci. Je travaille pas, j'ai pas d'argent, j'ovule, j'ovule pas... Mais j'ai besoin d'avoir une amie qui s'intéresse à moi, à ce qui m'arrive! D'un côté, j'aimerais que ma soeur me consacre plus de temps mais d'un autre côté j'ai l'impression d'être égoïste. J'ai juste à m'en faire des amies tsé!

Sauf que j'vous l'ai dit, je suis timide. Je n'ai pas de conversation. Je ne sais pas de quoi parler. Je suis pas maquillage / magasinage... Alors j'évite d'aller chez les autres. Quand j'appelle, j'ai l'impression de toujours juste parler de moi. J'ai tellement besoin de parler que je parle, je parle, je parle... et j'en oublie l'autre. Et là je culpabilise et la culpabilité m'empêche de retéléphoner. C'est un joli cercle vicieux.

Alors c'est ça. Je ne sors pas parce que j'ai pas d'amis, j'ai pas d'amis parce que je sors pas. Moins je sors, moins j'ai envie de sortir. Et je passe beaucoup de temps sur l'ordi. C'est facile se faire des "amis" sur Internet. Je suis pleinement consciente que ce ne sont pas de vrais amis, qu'eux aussi ne viendraient probablement pas à mon mariage mais ça réussit tout de même à mettre un tout petit plaster sur mon énorme plaie intérieure.

Peut-être qu'en ayant un bébé les choses vont mieux aller. Je vais aller aux cours prénataux, cours de natation avec bébé, rencontres de mamans, d'allaitement. Je vais peut-être enfin avoir un moyen de briser l'isolement.

Alors, vous ne me trouvez pas trop louche?